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文章基本信息

  • 标题:Laurent Vidal (dir.), Capitales revees, capitales abandonnees. Considerations sur la mobilite des capitales dans les Ameriques (XVIIe-XXe siecle).
  • 作者:Shelekpayev, Nari
  • 期刊名称:Urban History Review
  • 印刷版ISSN:0703-0428
  • 出版年度:2015
  • 期号:March
  • 语种:English
  • 出版社:Becker Associates
  • 关键词:Books

Laurent Vidal (dir.), Capitales revees, capitales abandonnees. Considerations sur la mobilite des capitales dans les Ameriques (XVIIe-XXe siecle).


Shelekpayev, Nari


Laurent Vidal (dir.), Capitales revees, capitales abandonnees. Considerations sur la mobilite des capitales dans les Ameriques (XVIIe-XXe siecle) (Rennes: Presses Universitaires de Rennes, 2014), 288 p.

[ILLUSTRATION OMITTED]

La construction, la transformation et le deplacement des villes capitales postcoloniales ont ete incontestablement l'un des phenomenes les plus communs mais aussi les moins etudies par l'histoire urbaine. Cet ouvrage collectif sous la direction de Laurent Vidal represente une contribution importante a ce sujet, en plus d'etre un des rares ouvrages consacres aux villescapitales publies entierement en francais.

En effet, de longue date, l'accent a ete mis sur l'analyse des plans et de l'architecture (Vale, 1992; Sonne, 2003; Gordon, 2006), la prise de decision sur la nomination ou la selection du site (Knight, 1991 ; Braga, 2010), ou encore les representations des nationalismes etatiques (Monnet, 1993; Daum et Mauch, 2005) dans les villes capitales. Dans son ouvrage De Nova Lisboa a Brasilia : l'invention d'une capitale (2002), Vidal lui-meme a propose une approche singuliere, qui consistait a examiner la conception et la construction de Brasilia en tant que processus long refletant les utopies et les projets de developpement des elites bresiliennes. Sept ans plus tard, dans Les larmes de Rio, l'auteur a explore l'autre cote de la medaille, c'est-a-dire le moment oU Rio a cesse d'etre capitale et la grande emotion provoquee par ce changement chez ses habitants. Voici finalement un ouvrage qui propose, a travers une approche regionale, d'explorer a la fois le deplacement (ou la creation d'une nouvelle << capitalite >>) et l'abandon (desacralisation d'un vieil espace du pouvoir) des villes capitales postcoloniales. A un moment donne l'histoire d'une ville capitale se complexifie et cesse de se derouler dans un meme lieu ; un rapport entre les deux espaces de pouvoir se cree. L'ouvrage est une occasion de repenser plus globalement la grammaire des villes capitales et leur role en tant qu'acteur historique.

Le livre, qui comprend treize chapitres, est divise en deux parties. La premiere est dediee aux deplacements a l'interieur du Bresil (XVIIe-XXe siecles). La deuxieme traite de cas de mobilite en Amerique du Nord, a l'exception d'un texte de G. Martiniere portant sur Sao Luis, avant-poste d'une colonie francaise disparue au Bresil. L'Amerique centrale est abordee dans un chapitre d'E. Cunin sur le Belmopan, nouvelle capitale de Belize depuis 1970. Meme si les sources et l'historiographie mobilisees par les auteurs sont tres variees, quelques caracteristiques de l'emergence et de la decadence des villes capitales examinees sont similaires. L'emergence est souvent liee aux activites des hommes d'Etat pour lesquels l'energie d'un transfert devient tout a la fois le symbole et le tremplin vers le pouvoir. De ce point de vue, la ville capitale est un lieu de pouvoir etatique mais aussi personnel qui se reinvente perpetuellement; les chapitres de M.-F. Bicalho et de G. Silverio Gandara montrent a quel point il est difficile de separer les deux. L'etablissement d'une capitale peut aussi etre fortement marque par des facteurs geographiques et geopolitiques. Le texte de A. Torrao Filho sur la concurrence entre Sao-Vicente et Sao-Paolo et celui de T. Villerbu sur l'instabilite des centres administratifs dans l'Ouest americain au XIXe siecle montrent que la recherche d'une meilleure centralite a ete une consideration primordiale pour les elites bresiliennes et americaines. Qu'en est-il pour les facteurs sociaux et culturels? L. Juliao a demontre comment les mythes et les discours sur la modernite ont ete instrumentalises afin de legitimer le deplacement de la ville capitale d'Ouro Preto a Belo-Plorizonte au Bresil a la fin du XIXe siecle. Dans la meme veine, les contributions de A. M. Vaz de Oliveira et de M. I. de Jesus Chrysostomo suggerent qu'il y a toujours un projet social et intellectuel derriere le deplacement et que les residants des capitales abandonnees passent, tout comme ceux de leurs homologues nouvellement creees, a travers certaines phases : deni et colere, indifference et desir d'un retour, puis enfin acceptation et reinvention identitaire. D'oU l'hypothese qu'il n'existe pas vraiment de villes-capitales from scratch et que les ruptures psychologiques sont aussi importantes a analyser que les ruptures spatiales puisqu'un deplacement semble creer une temporalite differente pour les deux espaces.

L'ouvrage comporte quelques imperfections mineures. Au niveau de la forme, il s'agit d'erreurs de frappe (p. 126, p. 157) et d'orthographe de mots etrangers (p. 10, p. 19). L'ouvrage aurait profite de l'ajout de cartes dans certains chapitres, car l'objet de l'investigation est lie a la geographie historique. Sur le fond, outre une imprecision historique (p. 211), le defaut le plus considerable de l'ouvrage est que les auteurs et leurs approches ne dialoguent pas. Les epoques et les espaces, mais aussi la methodologie et les questionnements de chaque chapitre sont trop amples pour que l'ouvrage soit vraiment percu comme un tout coherent. Ce genre de probleme est inevitable pour la plupart des volumes collectifs, mais une autre strategie editoriale (une introduction presentant plus soigneusement chaque chapitre, ou une conclusion plus developpee?) aurait permis de contourner ce manque d'unite. Les analyses proposees dans ce livre demontrent qu'ii n'existe pas de scenario de developpement unique ni pour les capitales nouvellement concues, ni pour les capitales abandonnees. Oeiras et Vandalia sont tombees dans l'oubli, tandis que New York et Salvador ont garde leur importance meme apres leur divorce avec l'Etat. Quelles seraient alors les conditions qui permettraient aux ex-capitales de conserver leur prestige? A quel point ces conditions sont generalisables? En quoi la << capitalite >> regionale est-elle differente de la << capitalite >> nationale et federale? Finalement, quelle approche serait la plus pertinente pour verifier si une ville capitale (tant revee qu'abandonnee) est en mesure de produire le pouvoir, en tant qu'acteur autonome, ou si elle ne fait que representer ou transmettre le pouvoir etatique? Tous ces questionnements, quoiqu'evoques par certains auteurs, n'ont cependant pas conduit a la synthese nuancee attendue par le lecteur.

Pourtant l'interet de l'ouvrage est incontestable. Dans le passe, l'histoire des villes capitales etait majoritairement celle des succes, des triomphes difficiles mais reussis du modernisme et du progres. Ce recueil rappelle que cette histoire est egalement celle de l'oubli, de l'amertume et d'une deception et que sans considerer les perdants on ne peut pas saisir la beaute et la complexite de l'histoire des villes capitales. Malgre l'amer constat de l'editeur qu'<< en histoire, comme dans les sciences sociales, aucun domaine d'etude n'est consacre a l'analyse specifique des villes-capitales >>, la production de ce livre temoigne a tout le moins de l'interet qu'elles suscitent chez les historiens. Cela devrait nous rendre optimistes.

Nari Shelekpayev

Candidat au doctorat en histoire

Universite de Montreal
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